La grossophobie apparaît fréquemment et n’importe où dans le quotidien des personnes en surpoids. Même dans le seul endroit où elles espèrent un peu de compréhension par rapport à leurs conditions physiques. Autrement dit, dans les cabinets médicaux. La grossophobie médicale existe et elle se manifeste de différentes manières. Pourtant, les propos grossophobes, les refus d’accès au soin et le matériel inadéquat utilisé engendrent d’énormes répercussions sur la vie de la personne obèse. Notamment sur son état psychologique et sa prise en charge face à un problème de santé. Que représente exactement la grossophobie médicale ? Notre dossier sur le sujet.
Que désigne la grossophobie médicale ?
La grossophobie fait référence à l’ensemble des attitudes qui blâment et stigmatisent les personnes avec une surcharge pondérale. Quant à la grossophobie médicale, elle se définit comme la somme des comportements haineux et discriminatoires effectués par les professionnels de santé à l’égard des individus à forte taille qui les consultent. Cela inclut :
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les remarques déplacées ;
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les blagues sarcastiques ;
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les gestes qui expriment le dédain envers la personne ;
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les jugements hâtifs ;
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les conseils non sollicités ;
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etc.
Psychologue, dentiste, médecin généraliste, infirmier, radiologue... tous s’y mettent d’après les témoignages de nombreux patients. D’ailleurs, ce phénomène gagnerait de plus en plus d’ampleur aujourd’hui. À un tel point qu’il décourage les malades à consulter en cas d’une mauvaise condition physique.
Quelle forme prend la stigmatisation des obèses dans le corps médical ?
Selon les chiffres sortis récemment par Puhl et Brownell, 69 % des individus corpulents affirmeraient subir des réquisitoires de la part de leur médecin. Pour chacun d’eux, cela apparaît sous différentes formes et de plusieurs manières. Souvent, lors d’une consultation ordinaire.
La démarche culpabilisante
Quelques médecins pensent à tort et à travers qu’ils arriveront à changer la condition physique du patient en émettant des critiques inappropriées. En conséquence, beaucoup n’hésitent pas à exprimer des propos ironiques et accusateurs ainsi que des gestes de mépris et humiliants. Voici quelques exemples donnés par les victimes.
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Un malade souffrant d’arthrose qui est traité de mammouth par son radiologue. Selon les propres termes du professionnel, il ne peut pas fabriquer de prothèses pour les mammouths.
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Un praticien qui écrit dans le dossier de son patient « manque de motivation ». Ceci à cause de son poids qui ne diminue pas.
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Une infirmière qui recommande à la personne qu’elle vient de peser qu’elle devrait perdre un peu de poids.
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Un cancérologue qui reproche à un individu atteint du cancer du sein l’apparition de la maladie. Selon lui, cette tumeur maligne résulte de son obésité et de la chirurgie bariatrique qu’elle a subie.
Le refus de donner des soins
Pour certains professionnels de santé, la grossophobie médicale va plus loin. Ils refusent carrément de prendre en charge le patient parce que celui-ci présente une forte corpulence. Les personnes en surpoids racontent que lors d’une consultation médicale, les professionnels ont souvent tendance à associer leurs maux à leur poids. Qu’il s’agisse d’un simple rhume, d’un mal de dos ou d’une maladie plus grave, le schéma se répète. De ce fait, elles ne bénéficient pas d’une auscultation ou d’un bilan comme les autres.
L’inadaptation du matériel et du traitement
La grossophobie médicale se manifeste également par l’utilisation d’un matériel incorrect. Comme exemple concret, l’usage d’un tensiomètre qui ne correspond pas à la taille du sujet. Effectivement, dans la plupart des cas, les équipements médicaux se déclinent uniquement en version standard. Il n’y en a pas pour les personnes de gabarit plus imposant.
Par ailleurs, il y aussi le choix d’un traitement inadéquat pour l’individu en surpoids. Si certains praticiens privent les obèses d’une prise en charge, d’autres leur prescrivent des traitements qui ne possèdent aucun lien avec la maladie. Là encore une fois, parce qu’ils pensent que les anomalies viennent de l’IMC anormal.
Discrimination des « gros » dans le milieu médical : les conséquences
La grossophobie médicale constitue un réel danger pour la santé mentale des personnes obèses. Effectivement, ces mots, ces gestes et ces mesures qualifiés de « normaux » attaquent directement le moral des victimes. Non seulement cela touche leur psychologie, mais aussi leur sensibilité. À l’issue de ce genre de comportement hostile et discriminatoire, il y a l’anxiété, la dépression, la non-acceptation de soi ainsi que la perte de confiance en soi. En somme, cela enfreint à l’épanouissement personnel de l’individu en surpoids. Dans ces conditions, la personne corpulente risque de se négliger totalement. Au lieu d’adopter une hygiène de vie saine, il risque au contraire d’adhérer aux mauvaises habitudes. Pire encore, il peut utiliser la nourriture pour compenser. Et tôt ou tard, cela aboutira à un cercle vicieux entre prise de poids, dénigrements et troubles alimentaires.
Outre cet aspect, cela incite les individus en surpoids à éviter le corps médical. De fait, nombreux affirment qu’après une expérience traumatisante comme cela, ils ont renoncé à voir un professionnel de santé en cas de problèmes. Ils préfèrent recourir à d’autres méthodes ou laisser leur état empirer que d’accéder aux soins. C’est uniquement en dernière option et lorsqu’il est « trop tard » qu’ils décident de consulter.
En dernier lieu, mais non des moindres, la grossophobie médicale met en danger la santé des individus en surpoids. Comme les praticiens attribuent hâtivement la source de la maladie du patient à l’obésité, ils négligent le vrai problème. Ce qui peut occasionner de multiples risques.
Que retenir de la grossophobie médicale ?
La grossophobie médicale touche particulièrement les personnes souffrant de surcharge pondérale. Là où elles espèrent trouver de la bienveillance et de l’écoute, elles subissent des accusations non fondées. Sans peser leur mot, les professionnels de santé évoquent des critiques stéréotypées envers leur patient. Et ce sans connaître exactement ce que ces personnes corpulentes vivent réellement. Il faut savoir en effet que l’obésité apparaît à cause de divers facteurs. Des causes qui ne dépendent pas forcément d’eux. Pour ne citer que la génétique et les antécédents médicaux.
En somme, les médecins devraient les traiter convenablement et éliminer toute forme de préjugés dans l’exercice de leurs professions.
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