Quelles sont les causes de la néophobie alimentaire ?

Au cours de l’alimentation des enfants, beaucoup passent dans une période de sélectivité alimentaire. Pour certains, celle-ci se manifeste de manière plus accentuée. Les causes de la néophobie alimentaire sont multiples. Des paramètres sensoriels, praxiques, cognitifs, comportementaux ou sociaux peuvent entrer en jeu.

Qu’est-ce que la néophobie alimentaire ?

La néophobie alimentaire est la crainte ou le refus des nouvelles nourritures. Elle se manifeste très souvent chez les enfants. Néanmoins, ce n’est pas un comportement spécifique à l’être humain. Il est également constaté chez toutes les autres espèces omnivores telles que les rats, les singes et les oiseaux.

Cette crainte des aliments inconnus est un processus d’adaptation et de conservation à l’encontre d’une éventuelle substance toxique. Tous les enfants ont peur des aliments nouveaux. Ils n’ont pas besoin de goûter pour les rejeter. Il suffit qu’ils les regardent, les sentent ou les touchent.

La néophobie peut également prendre la forme d’une sélectivité. L’enfant refuse les aliments qu’il a auparavant acceptés. Et la liste des nourritures acceptées s’en trouve réduite. Elle concerne notamment les légumes, les fruits, les poissons. L’enfant préfère les nourritures à forte teneur en calorie ou en sucre. Il aime les nourritures consistantes et sucrées et délaisse celles qui les sont moins. À deux ou trois ans, il sait que la nourriture dense est plus rassasiante et vis versa.

La néophobie alimentaire commence au dix-huitième mois. Elle s’accentue du deuxième à la sixième année avant de diminuer progressivement d’intensité. Elle peut apparaître de trois manières :

• L’enfant veut goûter à la nourriture avant de décider de les ingurgiter ou non.

• Il consent à goûter seulement s’il y est forcé, mais cela n’a aucun effet sur son opinion initiale.

• L’enfant oppose un refus catégorique et n’y goûte même pas (c’est la phobie proprement dite).

• L’enfant effectue des détournements de la tête, a la manie de trier les nourritures et grimace. Il les recrache et les repousse.

Quelles sont les origines de la néophobie alimentaire ?

Les causes de la néophobie alimentaire sont nombreuses. Cela peut être :

• Une étape de la croissance,

• La cause physiologique et psychologique de la néophobie alimentaire,

• La cause génétique,

• Les causes environnementales : sociale et éducative.

La néophobie alimentaire : une étape de la croissance

La peur des nouveaux aliments est une phase tout à fait normale et transitoire qu’un enfant traverse pour se développer. Vers l’âge de deux ou trois ans, l’enfant réagit face à l’aliment inconnu par conservation. La néophobie ne se manifeste presque jamais avant la deuxième année. 75 % des enfants deviennent sélectifs et cessent de l’être vers l’âge de onze ans.

Cause physiologique et psychologique de la néophobie alimentaire

La néophobie alimentaire est considérée comme un phénomène normal dans la mesure où elle sous-tend un processus adaptatif. Son apparition à l’âge de deux ans aurait un rapport avec le développement moteur de l’enfant. L’enfant acquiert la capacité de manger seul et de se servir de ses mains pour porter la nourriture vers sa bouche entre dix-huit et vingt-quatre mois. Dans ce cas, l’angoisse ne se déclenche pas tant que l’enfant est nourri par un adulte. La découverte de l’environnement par sa nouvelle capacité de marcher accentue cette angoisse avec le risque d’intoxication.

Les causes génétiques de la néophobie alimentaire

À l’université de la Caroline du Nord, à Chappel Hill, des chercheurs ont mis en évidence une cause génétique de la néophobie alimentaire (72 % des cas des sélectivités). Dans ces cas, les parents ne peuvent rien pour éviter cette tendance à éviter les nouveaux aliments. Toutefois, ils peuvent encore modifier l’attitude de l’enfant.

Causes environnementales, sociales et éducatives de la sélectivité alimentaire

La famille est l’un des rares moments de réunion de plusieurs générations d’individus. C’est crucial pour la socialisation alimentaire de l’enfant. Le fait de manger n’est nullement un acte inné et banal. Il doit être appris. L’enfant a une forte capacité d’adaptation qui lui permet d’acquérir cette compétence à force de répétition. Sa culture de consommation s’acquiert dans un contexte social où il élargit son catalogue de nourriture. La première étape de son apprentissage est le passage de la nourriture à base de lactose vers les aliments solides.

Si les parents négligent cette étape vers la diversification alimentaire, des problèmes de sélectivité alimentaires voire de néophobies peuvent apparaître. C’est une période délicate. Si les adultes sont trop laxistes, incompréhensifs et trop répressifs, le dérapage apparaîtra.

Les conséquences de la néophobie alimentaire

Si la néophobie alimentaire se prolonge trop dans le temps, elle peut avoir de mauvaises répercussions sur la santé de l’enfant. Il en découle une forme de carence alimentaire voire de malnutrition, car les apports en nutriments sont insuffisants. Son poids en sera aussi affecté jusqu’à perturber sa croissance.

Que faire face à la néophobie alimentaire ?

Mais les parents ne devront pas s’inquiéter face à la néophobie alimentaire. Il y a des solutions qui permettent de remédier à ces attitudes des tout petits.

Montrez l’exemple en vous nourrissant de légumes devant eux

Un enfant refusera toujours de manger des légumes tant que les parents n’en mangent pas. Ils doivent le convaincre qu'en agissant, l’enfant suivra par imitation. Il faut lui montrer par le geste et le langage que l’on apprécie la nourriture.

Il faut donner au bambin de manger des légumes et des fruits en les mettant en évidence dans la cuisine. Il est aussi nécessaire qu’ils participent à la préparation des repas (il faut lui donner des tâches comme laver les fruits, garnir les salades, etc.).

Ne pas précipiter la diversification des aliments de l’enfant

Il ne faut pas tout donner en même temps. Il faut leur donner une nouveauté à la fois. Un fruit ou un légume en particulier doivent être servis sous la même forme maintes fois de suite. En voyant l’adulte les manger à répétition, il finit par y goûter.

Ne dramatisez pas la situation

L’enfant ne résistera pas longtemps à sa faim. Et le fait qu’il mange des aliments denses n’est pas si grave que ça. Cela répond à ses besoins. Les féculents et les pâtes sont très nutritifs.

Évitez de créer une situation de tension à table

Il faut toujours se souvenir que le moment du repas doit être un moment de détente et de convivialité. Éviter que l’enfant perçoive cet instant comme un moment de mise à l’épreuve. L’enfant doit toujours avoir le choix de ce qu’il mange.

Bref, la néophobie est une situation courante et temporaire même si elle est angoissante pour les parents. Cette étape normale du développement peut s’arranger par des mesures de prévention et de prise en charge diverses.